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Croisades

​​​texte Michel Azama

mise en scène Quentin Defalt

​" Trop de sang des miens sur ta peau."

Bella



Argument
Quelque part, la guerre civile.

Au nom d'une divergence religieuse, les hommes d'une même contrée se scindent en deux camps. Deux amis d'enfance, Ismaël et Yonathan, sont ainsi confrontés à l'absurdité d'un conflit qui les oppose et les sépare. Au hasard de ses errances dans ce " lieu de commotion ", Ismaël rencontre Bella, une d'en face. Entre eux se noue un amour suspendu entre la haine et le désir, comme un fragile instant de trêve.

Derrière les déchirures des vivants apparaissent et se croisent les formes des témoins universels : la mémoire affective d'une Maman-Poule, la mission salvatrice du couple des petits vieux, fantômes affables qui guident les morts jusqu'au Salut. Des mors qui se retrouvent au seuil du chaos pour livrer leur dernier message. " Y a-t-il encore quelqu'un " pour les entendre ?
 

 

Une pièce pour jouer à la guerre
Redécouvrir l'enfant que l'on était à dix ans et tirer sur son frère, son meilleur ami, juste pour rire. Cependant, les enfants qui se tuent dans Croisades ont perdu le sens de l'humour. Mus par des résurgences d'animalité, ils exécutent machinalement pour se protéger. Reste à savoir de quoi...

Michel Azama semble avoir planté le décor à Beyrouth ou quelque part entre Istanbul ou Jérusalem, sur ces chemins qui mènent à la Terre Sainte. Mais  l'espace a si peu d'importance. Ce " lieu de commotion" comme il l'appelle, pourrait avoir pour parents directs le Rwanda ou la Bosnie-Herzégovine. Partout où la machette et le pistolet deviennent aussi ludiques que la petite voiture ou le bilboquet, où l'enfant acquiert une détermination et une jouissance personnelles dans la pratique de la violence. Partout enfin, où la religion est une raison suffisante pour charger sa mitraillette.



Croisades au pluriel

Ces croisades ont des naissances diverses : renouant avec l'Histoire, référence est premièrement faite aux " passages ", ces croisades se situant entre entre les XIeme et XIIIeme siècles, en la personne de Maman-Poule, figure emblématique qui traverse les époques tel un spectre à la recherche des ses enfants partis en guerre Sainte. Mère véritable ou allégorique, sa quête restera inassouvie  : ses enfants auraient mille ans et ceux qu'elle croise se mutilent sous ses yeux...

Viennent ensuite les morts, fraîchement massacrés. Le temps de parcourir le long tunnel qui les ménera peut-être à la lumière, ces cadavres demeurent un peu parmi nous pour venir demander par les larmes et la prière un sursis, sinon un repos mérité dans un paradis exemplaire. Leur quête est spirituelle et longue sera la route...

Enfin, il y a ces adolescents, projetés dans un conflit qu'ils ont fait leur. Leur croisade est celle de l'intime : la mort étant devenue leur quotidien, ils cherchent coûte que coûte des repaires, désirent grandir plus vite et s'y brûlent les ailes. Dans un monde de morts ils réclament leur vie. Alors il faut tuer. Tuer pour afficher son appartenance en un clan ou une croyance, tuer pour faire taire celui qui s'oppose, celui qui ose utiliser le verbe comme gonfanon de sa propre croisade.



Ce que nous ne sommes déjà plus...

Si dans Croisades l'espoir a capitulé, l'humour et la tendresse ne désertent jamais tout à fait, comme pour mieux rendre à l'horreur les couleurs de la vie vraie.

Monter Croisades permet de canaliser, à travers l'engagement des comédiens, dynamisme et force pour créer un monde en soi : la guerre n'est pas tant dans la représentation que dans la charge que chacun apporte. C'est une somme de courage qui devient le courage du passage : témoigner de cette prise de position qui saisit l'homme, et plus particulièrement l'enfant, au moment du conflit.
Ce n'est pas parce qu'il n'a pas peur que l'enfant sourit : délicate ambiguïté du sourire qui tente de se maintenir au jour malgré tout, comme un signal d'insouciance, face au corps qui en appelle à la confrontation, née d'un rêve d'héroïsme. Alors comment rendre compréhensible cette ambiguïté ? Par le théâtre peut-être... Essayer de faire vivre et nourrir un chant en partie mutilé et inerte, en partie monstrueusement développé et avide de ce que nous ne sommes déjà plus. Exiger de nos âges une intelligence toute faillible de nos appétits...

ce spectacle n'est plus disponible en tournée

durée 1h20

avec ​​Julie André (La Mort), Mathieu Bisson (Zack), Pauline Bureau (La petite vieille), ​Camille Chamoux (Bella), Simon Caillaux (Le bûcheron), Pierre-Vincent Chapus (Yonathan), Quentin Defalt (Ismaël), Michiyo Desruelles (Maman-Poule), Délphine Léger (La vielle femme au sceau d'eau)Arevik Martirossian (La morte couverte de boue), Frédéric Millan (Krim), Samantha Markowic (Maman-Poule), Olivier Waibel (Le petit vieux)

assistant à la mise en scène Julie André scénographie et lumières Quentin Defalt costumes collectif attaché de presse David Wahl
 

production Teknaï avec le soutien de la Mairie du 11e arrondissement de Paris, du Festival Onze Bouge et du conservatoire Erik Satie (7e arrondissement de Paris)

spectacle ayant reçu le prix de la mise en scène (Quentin Defalt) et le prix d'interprétation féminine (Camille Chamoux) du  Festival Onze Bouge 1999

spectacle a été représenté en septembre et octobre 1999 à la Salle de la Roquette et au Festival des Arènes de Lutèce

Lancer / couper Guillaume Becker - Tenochtitlan

© photographies : Jérémy Defalt

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